Pure Morning

J'aime me sentir mal, à un point où ça en devient maladif. En pleine neurasthénie. Me sentir à fleur de peau, prête à tout balancer par la fenêtre. Prête à me déchirer la peau, me repasser le cerveau, prête à me réparer le coeur à coup de fourchette. J'aime me sentir mal, mais pourtant, vous ne pouvez pas imaginer à quel point ça fait mal. Non, je ne suis pas masochiste. Mon mal-être est pour moi mon inspiration. Ou du moins, il est sensé l'être, cependant je n'ai pas encore pû y puiser quoique ce soit. Peut-être ce génialissime Morrisson avait-il raison : brûler mes écrits, mes pensées, mes mélodies, brûler mes cahiers, mes feuilles volantes, mes résidus en proses .... Brûler, avant qu'ils ne soient plus consommables. Peut-être que ce sera alors ce même feu qui allumera en moi la fameuse flamme ; celle qui défriche et fertilise. Baby, light my fire. Et si je n'étais tout simplement pas combustible, et si le bois duquel je suis faite était un de ceux qui ne prennent pas feu. Stérile. Froid. Aqueux. Ainsi les larmes qui débordent quand la Terre semble ne pas tourner rond, sont un surplus d'inertie. La vidange de mon corps aqueux, mécanique. Je suis un objet scientifique, dans un environement scientifique, sur une planète scientifique, dans un monde scientifique, pour un Dieu scientifique, vers une mort scientifique.